1000 mots de la maritimité : Les anneaux de l’espérance (Le nouveau livre du Dr. Cheikh KANTE)

Dans cet ouvrage, il définit et explique la sensibilité toute particulière de la maritimité qu’il perçoit comme une conquête des espaces portuaires et une façon de s’approprier la mer et les cours d’eau.

Le modèle des « anneaux de l’espérance » est ainsi représenté comme l’expression de l’ensemble des paradigmes qui devront permettre à l’Afrique d’être moins dépendante des forces extérieures, et d’atteindre l’émergence qui favorisera la construction d’un Continent libre, prospère, attractif et conscient qu’il tient entre ses mains le bien être des générations actuelles et futures. 

 

Dr KANTE a pris la pleine mesure de l’acuité et de l’urgence  des défis qui interpellent les filles et les fils du Continent. Ceux des transports, et essentiellement de la logistique, se heurtent  à des difficultés innombrables, tant physiques que géographiques et requièrent, par-dessus tout, un engagement volontariste des Dirigeants et du secteur privé africains. Selon cheikh KANTE, si les anneaux de l’espérance, ainsi qu’il le préconise, arrivent à connecter l’espace économique Africain, le Continent pourrait, dans une certaine mesure, prendre le relais de l’Asie en matière d’industrialisation. Mais l’Afrique devra aussi, comme il le rappelle, abandonner certaines politiques de complaisance, et devenir un acteur à part entière de cette mondialisation, souvent chaotique, qui est celle du 21ème siècle.

 

Ce livre est une mine d’informations, qui retrace l’origine des ports, des bateaux et de leurs différentes évolutions.

Il raconte l’histoire des navires portugais au 15ème siècle, à moins que ce ne soit celle des phéniciens, qui doublèrent le Cap de Bonne-Espérance et passèrent au large de ce qui est aujourd’hui Dakar. 
Cheikh KANTE nous ramène aux temps forts du Moyen-âge, de la route de la soie, des fabuleux voyages de Marco POLO, avec en ligne de mire, l’implantation des comptoirs de commerce entre l’Afrique, l’Asie et le Moyen Orient.
Il démontre à suffisance comment l’ouverture du Canal de Suez, en 1869, a influé de façon  significative sur les progrès de la navigation à vapeur transocéanique, et a multiplié par plus de 60 la production mondiale.

 

La révolution industrielle, et les innovations majeures qui l’ont accompagnée, comme la découverte de Magellan, les télégraphes , les navires à vapeur, et le chemin de fer, ont facilité la circulation des marchandises et ont permis de multiplier le commerce mondial par 140. 

En abordant la typologie des ports et leur classement, on note une cadence incroyable dans le rythme des innovations de ce secteur.

 

L’auteur précise pourtant que malgré les efforts considérables réalisés, il reste un très long chemin à parcourir, pour l’Afrique. Il rappelle que suivant le classement du World Top Containers Port ( WTCP), seuls 5 ports africains figurent dans le TOP 500. Dans le TOP 50, seul un port africain à conteneur y figure. Il s’agit de Tanger Med du Maroc. Il faut remarquer que cette position a une forte corrélation avec le très faible poids de l’Afrique dans le commerce mondial qui est estimé à moins de 3%.

 

Les 5 plus grands ports à conteneurs africains, suivant le classement de 2020 du WTCP sont ainsi Tanger Med avec un volume de 3 312 409, Port Saïd, en Égypte  pour un volume de 2 989 897, Durban pour 2 699 978, Lagos, au Nigeria, avec 1 500 000 et Mombasa, au Kenya, avec 1 189 000.

Ces volumes pourtant importants semblent dérisoires, comparés à la moyenne de conteneurs que réalisent les 5 plus grands ports asiatiques qui caracolent en tête des records mondiaux, suivant le classement de 2019 : Shanghai 43 303 000, Singapour 37 195 000, Ningbo ZHOUSHAN 27 530 000 , Shenzhen 25 770 000 , Guangzhou 23 236 000. Ces  chiffres  démontrent à suffisance la distance qui sépare les ports africains des ports leaders.

 

Au rythme où vont les choses, selon Dr cheikh KANTE, il nous faudra beaucoup de temps et de dur labeur pour arriver à leur niveau. il propose, pour ce faire, 7 séries de mesures pour relever ce défi.

 

  1. Une stratégie harmonisée au niveau africain, qui doit déboucher sur l’abandon des concurrences inutiles. Il considère que les ports sont des variables d’ajustement stratégiques dont l’objectif doit être de se compléter, tout en sauvegardant leurs compétitivités individuelles, afin de favoriser l’intégration économique et de doper le volume du commerce intra africain  (moins de 15% comparé à l’Europe ou à l’Asie ). Il donne le modèle de Dubaï, qui est une juxtaposition d’un port moderne à des zones franches et économiques attractives. Il donne l’exemple de la zone économique de Shenzhen, en Chine, qui s’étend sur 2000 Km2 et réalise un BIP nominal de 332 milliards de USD. Cette ville se positionne comme la seule en Chine à faire un PIB par habitant de 27 200 USD, équivalant à 10% du PIB des pays africains;

 

  1. Un investissement conséquent, qui doit être réalisé intelligemment sur la base d’une stratégie de ciblage avec comme objectif principal la satisfaction client, pour éviter les congestions dans les zones d’accès et au niveau urbain, tout en modernisant les quais et les superstructures de chargement et de déchargement, et réduisant le séjour des conteneurs, particulièrement long dans les ports africains (20 jours en moyenne, contre 3 à 4 jours dans les grands ports internationaux) ;

 

  1. La mise en place de guichets uniques, pour éviter le dicton « Le port est l’endroit où les bateaux sont à l’abri des tempêtes et exposés à la fureur de la douane »;

 

  1. La promotion et la protection de l’investissement privé;

 

  1. La création de grands terminaux, pour la mise  en valeur de projets minéraliers et leur transformation, et la création de terminaux de croisière pour mieux vendre la richesse touristique en Afrique ;

 

  1. La stabilité politique et la sécurité sur le Continent ;

 

  1. Les anneaux de l’espérance articulés dans la stratégie de la ZLECAF, devront favoriser une connectivité interne et externe de l’Afrique et une rationnelle valorisation de nos avantages comparatifs articulés à la transformation productive. Cette voie favorisera la création d’emplois pour les 20 millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail, et permettra de lutter contre les inégalités.

 

Cheikh Kanté est convaincu que l’industrialisation de l’Afrique, et les nécessaires transformations économiques, vont fortement s’accélérer sous l’impulsion des ports et des ports secs.  Il estime que les « anneaux de l’espérance » doivent accompagner le processus de transformation productive de l’Agenda 2063. 

 

L’auteur explique comment la valorisation de la maritimité permettra à l’Afrique de maîtriser les mégatendances de la mondialisation. Il souligne la nécessité de soutenir le secteur privé et les armateurs africains, afin de promouvoir la création de nouveaux ports dans tous les domaines, en particulier des ports de pêche. 
Par ailleurs, il est également urgent d’accompagner et de soutenir un secteur privé fort et bien équipé. Confrontés à la raréfaction de certaines espèces de plus en plus menacées, certains pays comme le Sénégal risquent de se retrouver à importer du poisson pour nourrir les populations d’ici les 5 prochaines années. Dès à présent, les exportations, facilitées par la politique des « licences de pêche », qui ne profitent qu’à une très petite minorité au détriment de tout un peuple, devront certainement être très limitées, voire supprimées.

 

Nous vous recommandations fortement le livre du Dr. Cheikh Kanté,  préfacé par le Professeur Philippe CHALMIN.  

 

Le livre est disponible chez Economica, à Paris, et dans les librairies, à Dakar.

Le nouveau livre du Dr. Cheikh KANTE, préfacé par le Professeur Philippe CHALMIN.

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