Bilan d’un mandat à la tête de l’Ua : Macky Sall un dessein pour l’Afrique

Président en exercice de l’Ua depuis février 2022, Macky Sall vient de boucler son mandat à la tête de cette organisation. Le mandat du dirigeant sénégalais a été marqué par les négociations menées pour la libération des stocks de céréales bloqués en Ukraine, le plaidoyer pour des investissements massifs dans l’agriculture, l’adhésion de l’Ua au G20, entre autres.

Il en a rêvé et a pris son mandat très au sérieux. Cela l’a poussé à remettre dans l’architecture institutionnelle, la Primature, supprimée après sa réélection triomphale à la Présidence en 2019. Ce 15 février devrait marquer la fin de mandat pour Macky Sall à la tête de l’Union africaine. Président en exercice de cette organisation pendant un an, le chef de l’Etat sénégalais a porté la voix de l’Afrique à chaque fois que de besoin, parcouru le monde pour la porter.

Le dirigeant sénégalais, qui a pris les rênes de l’Ua dans un contexte marqué par la crise ukrainienne, a su faire preuve de diplomatie pour l’approvisionnement en céréales, au moment où une crise alimentaire menaçait plusieurs pays du continent à cause de cette guerre. En rencontrant le Président Poutine à Sotchi, M. Sall avait insisté sur les conséquences de cette crise en Afrique. Et avait ainsi réussi à convaincre le dirigeant russe de libérer les stocks de céréales bloqués en Ukraine. A chaque fois qu’il a eu à prendre part aux réunions au niveau mondial, en sa qualité de président en exercice de l’Ua, M. Sall a mis l’accent sur les efforts à faire par le continent pour ne plus être victime de chocs exogènes. Ce, dans le cadre de la recherche de souveraineté alimentaire et sanitaire. Au dernier sommet du G20 par exemple, Macky Sall avait insisté sur l’esprit de solidarité qui doit guider «les actions pour une réallocation des Dts non-utilisés et un assouplissement de leurs conditions d’éligibilité».

Porte-parole de l’Afrique, il a eu également à plaider pour la mise en place d’un mécanisme mondial d’effacement de la dette ou à défaut, sa suspension. Une bataille qui n’est pas encore gagnée. Autre question ayant marqué la présidence du dirigeant sénégalais à la tête de l’Ua, c’est son adhésion au G20. Un plaidoyer mené avec vigueur et qui a obtenu le soutien de pays comme les Etats-Unis, le Japon, la Turquie, la Chine et la France. Au Sommet de Bali en Indonésie, tenu en novembre dernier, Macky Sall avait formulé ce vœu. Dans son discours, le Président Sall a estimé que l’Afrique ne doit plus «être une invitée permanente». Selon lui, c’est «inacceptable que le continent africain, vu la taille de sa population et son poids économique global, soit absent de l’instance où se discutent les questions relatives à la gouvernance économique mondiale, même si, au plan individuel, un pays du continent, l’Afrique du Sud, fait partie du cercle restreint des vingt économies les plus performantes du monde». Il faut noter que le Président Sall a aussi défendu la candidature de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’Onu. A la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies, il a appelé à une réforme des cercles décisionnels internationaux dont le Conseil de sécurité, pour une meilleure représentation d’un milliard quatre cents millions d’Africains.

En menant toutes ces actions, M. Sall a voulu impulser une Afrique résiliente à travers la paix, la sécurité, le financement… Dans un continent marqué par des crises, Macky Sall a eu fort à faire avec la Guinée, le Mali et le Burkina. En effet, des coups de force de colonels et lieutenants-colonels se sont succédé en moins de deux ans. A Bamako, il y a eu un putsch le 18 août 2020, un nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou. Des sommets ont été tenus et des médiations menées pour le retour des civils au pouvoir. La présidence de M. Sall a été aussi marquée par la brouille entre la Côte d’Ivoire et Mali du fait de l’arrestation de 49 militaires ivoiriens à Bamako. En tant que président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall est allé au Mali le 15 août dernier pour négocier la libération des 49 soldats ivoiriens arrêtés à l’aéroport de Bamako en juillet. Les militaires, emprisonnés pour «atteinte à la sûreté de l’Etat», sont accusés par le pouvoir malien d’être des «mercenaires». Des propos réfutés par la Présidence ivoirienne, qui assure que les 49 soldats étaient présents au Mali dans le cadre d’une mission pour l’Onu. Macky Sall, lors de son déplacement à Bamako, a été reçu par le Colonel Assimi Goïta, qui s’est dit disponible à dialoguer. Toutefois, il faut noter que malgré les médiations, la junte est restée sur sa position, et les 46 militaires (Ndlr : Trois femmes militaires ont été libérées fin août pour raisons humanitaires) ont été condamnés le 30 décembre par la Justice malienne à 20 ans de réclusion criminelle pour «crimes d’attentat et de complot contre le gouvernement». C’est finalement au mois de janvier dernier qu’ils ont été graciés par le Président Assimi Goïta. Le successeur de Macky Sall aura à charge de continuer ces chantiers pour le bien de l’organisation continentale.
dkane@lequotidien.sn

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