OLIVIER BOUCAL PRESIDENT DU MOUVEMENT « GOUDOMP DEBOUT » « Il faut plus d’équité dans l’exécution des politiques publiques »

Pour contribuer à l’essor de leur localité, Goudomp, l’inspecteur du Trésor Olivier BOUCAL et ses amis qui portent ce département dans le cœur, ont décidé de sacrifier une partie de leur temps et de leurs ressources pour que les populations n’aient rien à envier aux autres. Les populations ayant compris l’ampleur des sacrifices consentis par ces fils du terroir, les ont rejoints dans le Mouvement « Goudomp Debout ».Comment vous est venue l’idée de mettre en place le mouvement « Goudomp Debout » ? « Goudomp Debout » est le résultat d’un long processus. Nous avions constaté un certain nombre d’éléments qui nous a poussé petit à petit vers la politique. Depuis quelques années, il faut reconnaitre que nous avons toujours accompagné la jeunesse notamment dans des actions citoyennes. Nous avons fait beaucoup d’activités, mes amis et moi durant les « Navétane », lors des vacances. C’était dans le cadre d’une association des étudiants ressortissants de Goudomp. Ce sont des amis avec qui nous avions cheminé ensemble depuis que nous étions élèves. Il faut reconnaitre que nous avions tous gardé cette dynamique même si beaucoup d’entre nous sont plus ou moins occupés dans la production, dans des activités professionnelles. Nous avions remarqué que nos actions citoyennes étaient confrontées à une limite objective liée au fait que nous n’étions pas aux commandes dans les affaires publiques. Nos réflexions en termes de contributions n’ont jamais eu de suivi et que nos actions étaient facilement récupérées par les politiques. En fin de compte, on n’avait pas toutes les retombées attendues de nos actions. Il s’y ajoute que nous avions remarqué que les hauts cadres du département de Goudomp n’étaient pas dans l’espace politique. Finalement, il faut le dire, cet espace politique était occupé par des autorités que nous respectons mais qui, malheureusement, n’étaient pas à un niveau de responsabilité qui leur permettait d’impacter directement et de façon positive sur les
populations du département de Goudomp. Il fallait donc demander à tous les cadres du département de tenir compte des enjeux qui guettent les populations dans les domaines socio économiques. Il fallait tout faire pour que les cadres du département s’engagent dans la politique. C’est ainsi que nous les avions littéralement dénichés des différents secteurs d’activités où ils évoluaient, pour qu’ils se retrouvent dans l’association. L’autre aspect sur lequel nous avions agi concerne la jeunesse qui n’était jamais dans les instances politiques. Ils n’étaient consultés ou plus exactement on ne faisait appel à eux que lorsqu’il y avait une campagne électorale. La période de campagne électorale terminée, ils étaient laissés, livrés à eux-mêmes. Or, aujourd’hui, il est question de l’avenir des jeunes qu’il faut impliquer dans toutes les politiques locales. Tout cela nous a amené à réfléchir sur l’opportunité de mettre en place le Mouvement « Goudomp Debout ». Nous n’avions pas besoin d’engager les jeunes dans un parti politique. A notre avis, les partis politiques divisent les citoyens. Si nous nous étions engagés en leur disant par exemple que nous sommes de Pastef, en ce moment, les sympathisants de Benno Bokk Yaakar ou d’autres formations politiques ne seraient pas réceptifs à notre discours. Les clivages partisans l’emporteraient sur l’unité nécessaire au développement de Goudomp. Il fallait donc créer un Mouvement qui allait fédérer toutes les populations autour de l’idéal qui n’est autre que le développement de Goudomp. Un Mouvement citoyen pour impulser la politique de développement dans le département de Goudomp. Voilà comment nous avons créé le Mouvement « Goudomp Debout » qui est en réalité un vrai réceptacle des cadres du département. En initiant « Goudomp Debout », vous avez dans un sens, sorti ce département de l’anonymat dans lequel il était juste avant les élections législatives. Avez-vous aujourd’hui un sentiment de devoir accompli avec les bons résultats électoraux que vous avez affichés. Effectivement, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que nous sommes très satisfaits des résultats du Mouvement « Goudomp Debout », à l’issue des élections législatives du 31 juillet dernier. Avec ces dernières élections, certains évidemment viennent de nous découvrir. Mais bien avant, « Goudomp Debout » s’était illustré par de bons résultats électoraux. Beaucoup de localités nous ont copiés. Depuis 2018 que « Goudomp Debout » est né, beaucoup d’autres localités ont adopté le vocable Debout pour créer leurs mouvements à l’image de Goudomp. Vous avez entendu « Ziguinchor Debout », « Kolda Debout » et même dans le Fouta, il y a une localité qui a adopté le concept Debout. Ce concept a marché car on a vu qu’à Goudomp un mouvement local a gagné une mairie devant des partis politiques classiques connus. Cette dynamique a continué jusqu’à ces dernières élections où nous avions décidé d’accompagner Yéwwi Askan Wi. Et tout le monde a pu constater les résultats extrêmement importants que nous avons pu obtenir. Il y a eu une adhésion massive des populations et notamment des jeunes. Ce qui nous a valu les résultats dont tout le monde parle. Au regard des résultats électoraux dont vous parlez et qui ont défrayé la chronique, quel est le sentiment dominant du côté de la population de Goudomp ? Je crois que le sentiment est assez partagé. Il y a une sorte de satisfécit qui est là. Cela se manifeste sur tous les visages
et dans tous les discours. C’est comme si les gens venaient de se réveiller et de comprendre que « nous avons des enfants qui n’ont rien à envier à ceux des autres départements et qui sont capables de prendre leur destinée en main. Un département comme Goudomp n’a jamais eu de ministre. Les rares députés que nous avions étaient illettrés à part feu Bosco qui était un haut cadre de l’administration mais qui était déjà vieux quand il devenait député. On n’a jamais eu un Directeur général de société nationale, un chef de projet ou une responsabilité de ce
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genre dans le département de Goudomp. C’est comme s’il s’agissait du seul département où il n’y avait pas de cadres alors qu’il y en a à foison et dans tous les secteurs. L’oubli ne concerne pas seulement les cadres de la localité, car Goudomp est oublié jusque dans les politiques publiques. Il n’y a jamais eu de projet de l’Etat déroulé dans le département de Goudomp. Et cette situation nous a poussés quelque part, à entrer en politique. On aurait pu rester tranquille dans notre petit coin et laisser les choses aller d’elles mêmes. Il y a tellement de projets et programmes déroulés par l’Etat dans les autres départements et qui auraient logiquement pu bénéficier à Goudomp. Certains départements sont privilégiés par rapport aux autres. Il y a des projets comme le Pudc, le Prodac, Promoville et tant d’autres. Même pour la couverture Maladie Universelle, je suis le premier à l’initier et à enrôler des gens au sein des mutuelles. Il y a eu un échec manifeste des politiques locales et l’Etat devrait pouvoir corriger les disparités qui existent. L’Etat, c’est avant tout l’équité. Je vous apprends qu’en tant que capitale départementale, Goudomp n’a aucun kilomètre de route bitumée. Il n’y a pas un seul siège de service déconcentré, la Préfecture est en location, il n’y a même pas de gendarmerie. Pour légaliser un document administratif, il faut se déplacer jusqu’à Ziguinchor; c’est une honte! Ces frustrations là, les populations ne peuvent plus les supporter pour une capitale départementale qui manque de tout. Jadis, Goudomp était le premier centre de pêche en Casamance. Il y a une usine de pêche qui est là, abandonnée, on ne sait pas qu’est ce qui se passe. En occupant le vide laissé par les politiciens, « Goudomp Debout » n’a-t-il pas créé des jaloux parmi ceux là qui avaient à charge de porter son développement ? Oui évidemment. « Goudomp Debout » est en train d’amener des gens à la retraite. Ceux qui pensaient que le terrain politique était leur chasse gardée devront céder parce qu’actuellement, il y a une nouvelle donne et les gens qui sont venus ne sont pas n’importe qui. La nouvelle donne impose aux politiciens de se ranger parce qu’ils ont atteint leurs limites. Les résultats électoraux l’ont prouvé. Il faut
qu’ils prennent eux-mêmes leur retraite politique ou que pose « Goudomp Debout », nous ne saurions travailler avec toi. Depuis 4 ans que nous déroulons nos activités, personne ne nous a écouté. Cela veut dire qu’il y a une volonté manifeste de ne rien faire pour ce département. Et pendant ce temps l’Etat est en train de construire des hôpitaux dans des villages. Notre département a un centre de santé qui ne compte aucun médecin spécialiste. Il n’y a pas d’équipement comme les appareils de radiographie, pas de bloc opératoire, pas de banque de sang ou de laboratoire d’analyse. Ce sont toutes ces frustrations que les populations ont accumulées. Dans ce département, il y a un centre de santé où on ne donne que des Paracétamols, ce n’est pas juste. Surtout quand on voit que l’Etat est en train de construire des hôpitaux de niveau 3 dans des villages au nord du pays où il n’y a personne. Rien que la commune de Goudomp compte pas moins de 20 000 âmes. Allez voir à l’échelle du département les populations sans aucun équipement dans tous les domaines ? Ce n’est pas juste. Il n’y a pas d’équité dans les politiques publiques. Il y a même un projet ficelé pour la Casamance: l’Anrac mais dont les résultats n’arrivent pas à Goudomp. L’Etat a injecté beaucoup de milliards dans cette structure alors que ses interventions sont timides. Si elle vient à Goudomp, c’est pour forer un puits ou pour construire une case de santé. C’est encore timide ! Nous avons le plus de villages déplacés donc la zone car nous sommes les plus affectés par le conflit de la Casamance. Il n’y a jamais eu d’intervention majeure de l’Anrac dans le département de Goudomp qui compte d’ailleurs le plus grand nombre d’abris provisoires à l’échelle nationale. Si au niveau du pouvoir on ne nous écoute pas, on sait où aller pour nous faire écouter. Nous n’avons pas de problème pour la construction d’un hôpital de Niveau 3 à Agname, dans le Fouta , par exemple mais nous payons nos impôts comme tout le monde par conséquent, Il faut plus d’équité dans l’exécution des politiques publiques. Goudomp est un département avec 15 communes et il n’y a pas un seul service du Trésor. Il y a une barrière naturelle qui nous sépare de notre capitale régionale Sedhiou, c’est un fleuve d’un kilomètre qu’il faut traverser or il n’y a pas de pont. Il faut une journée pour aller à Sedhiou. Ce n’est pas juste au nom de l’équité territoriale. Pour les dernières locales, vous avez fait pencher la balance du côté de l’opposition qui a battu le camp de Benno Bokk Yaakar. Est-ce que cela est assez révélateur de l’état d’esprit qui anime les populations de Goudomp ? Nous avons soutenu les investis de Yewwi Askan Wi au détriment des investis de Benno Bokk Yaakar. Evidemment nous n’avions pas été investis mais nous fonctionnons sur la base des intérêts de Goudomp. Si cela ne dépendait que de nous, il aurait été plus facile de nous ranger du côté du pouvoir politique, laisser les populations à elles mêmes et bénéficier tout de suite des privilèges. Nous sommes prêts aujourd’hui à sacrifier même nos carrières pour le bien de la population de Goudomp. En définitive, nous nous sommes dit que le politicien d’aujourd’hui doit incarner un certain nombre de valeurs. Il faut mettre un terme à la « politique du ventre » et militer en faveur des propositions. On ne s’engage pas pour soit mais pour les populations. Notre choix s’est justifié d’autant que nous nous sommes demandé est ce qu’il était nécessaire de soutenir un pouvoir qui n’en a cure des intérêts des populations de Goudomp. Moussa DIA

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