Hausse du prix du carburant et de l’électricité : Les chauffeurs envisagent de réajuster leurs tarifs…

Le prix du gasoil et de l’essence a connu, samedi dernier, une hausse de 100 FCfa sur le litre. Devant cette situation, les chauffeurs envisagent l’augmentation des tarifs du transport au grand dam des usagers. 

C’est avec amertume que Moustapha Sall constate l’entrée en vigueur des nouveaux prix de l’essence et du gasoil, avec une hausse de 100 FCfa sur le litre. « Tout est cher maintenant dans ce pays », regrette l’homme trouvé au garage « clando » de Poste Thiaroye, grouillant de monde. Le chauffeur de 39 ans pense que l’État devait continuer à subventionner les prix ou procéder à une augmentation graduelle. « L’État a le devoir de soutenir les populations. Donc, il devait tout faire pour éviter la hausse des prix du carburant. Ce sont des dépenses supplémentaires qui vont impacter notre activité », râle-t-il, attendant des clients pour le trajet Poste Thiaroye-Pikine. À quelques mètres de lui, la circulation est ralentie à côté de la station-service. L’ambiance est rythmée à l’approche du crépuscule. À coups de klaxon, des automobilistes se disputent la priorité. Amadou Gaye, après avoir acheté du carburant, échange avec le pompiste. Ce chauffeur de la ligne 26 dit ne pas comprendre cette hausse subite du prix de l’essence et du gasoil. « Je ne m’attendais pas à cette hausse subite des prix dans un contexte où presque tout est cher. Nous ne sommes pas d’accord. Il fallait d’abord des concertations qui impliquent tous les acteurs », propose Moussa, le visage dépité. Devant un car rapide, Amady, claque le doigt pour interpeller les passants. Le rabatteur veille à faire le plein pour rallier Yeumbeul. L’homme de forte corpulence, à l’instar de ses camarades, est contre la hausse de 100 FCfa appliquée sur le prix du gasoil et de l’essence. « Le litre coûtera un jour 1500 FCfa ou plus. Chaque année, nous constatons une augmentation des prix. Nous sommes fatigués de supporter ces réajustements », souligne-t-il.

Inquiétude chez les usagers 

Pour Amady, l’augmentation du prix du carburant rime avec réajustement des tarifs du transport, pour lui, c’est la seule manière pour s’en sortir. « Quand l’État augmente le prix du carburant, nous sommes obligés de revoir nos tarifs pour ne pas subir des pertes. Dès demain (hier dimanche), nous allons revoir nos prix », dit-il, sans attendre l’issue des concertations annoncées par le Gouvernement avec les transporteurs. Moustapha embouche la même trompette. Il est convaincu qu’il faut revoir les tarifs du transport en commun afin de s’aligner aux nouveaux prix du carburant. « J’entends parler de subvention. À mon avis, la solution est l’augmentation des tarifs pour ne pas subir des pertes. Nous consommons l’essence ou le gasoil. Donc nous sommes tenus d’appliquer nos tarifs en fonction du coût de ces produits », crie Moustapha, adossé à son véhicule. Comme s’ils s’étaient passé le mot, Moussa défend la même position. Il s’attend à ce que le collectif des transporteurs décide de l’augmentation des tarifs. « Les concertations devaient précéder le réajustement des prix du gasoil et de l’essence. Maintenant que la décision est prise, nous devons tout bonnement revoir nos tarifs », estime Moussa. Les usagers, quant à eux, s’attendent au pire, en subissant les conséquences, selon Astou Faye. Un sachet blanc à la main, elle s’apprête à monter à bord de la ligne 73 qui va à Lac rose. « Je pense que les tarifs pour le transport en commun vont augmenter. Après tout, s’il y a hausse du prix du carburant, ils sont obligés de revoir leurs tarifs. Et c’est nous qui sommes les grands perdants », dit la dame, habillée d’une robe bleue. Debout devant un kiosque de transfert d’argent, Ababacar Sèye nourrit les mêmes craintes, voir les prix exploser du jour au lendemain. « Nous ne sommes pas assez protégés. Les transporteurs peuvent augmenter les tarifs pour ne pas subir des pertes. Et nous les usagers, nous sommes obligés de nous aligner car nous n’avons pas le choix », estime Ababacar. Pour Samba Faye, les acteurs du transport vont sauter sur l’occasion pour faire passer les tarifs du simple au double. « À l’occasion des événements comme le Magal ou le Gamou, ils augmentent brusquement les tarifs. Maintenant que le prix du carburant connaît une hausse, n’en parlons même pas. Nous sommes obligés de souffrir en silence », regrette Samba.

Demba DIENG 

…Inquiétude chez les ménages et petites unités industrielles 

Le prix de l’électricité a également connu une hausse moyenne de 16,72 FCfa/KWh : 18,97 FCfa/KWh sur la basse tension au-delà de 150 KWh, 22,79 FCfa/KWh sur la moyenne tension et 14,31 FCfa/KWh sur la haute tension. Si l’essentiel des ménages pauvres sont épargnés, d’autres utilisant des appareils de grande consommation vont subir la hausse. Marème Lèye, une habitante du quartier Tivaouane à Thiaroye, dispose de deux congélateurs dans le cadre de ses activités économiques. Elle est donc concernée par la hausse. « En plus des lampes et autres appareils, je pense que cette hausse va être difficile à gérer. Déjà que les deux derniers bimestres, nous avons eu des factures de plus de 100 000 FCfa », regrette-t-elle. Ainsi, elle compte utiliser la formule prépayée pour maîtriser sa consommation et ses dépenses. « Je n’hésiterai pas à utiliser le Woyofal pour les congélateurs afin de maîtriser ma consommation », prévoit Marème. Dans une boulangerie, à quelques mètres du rond-point de Poste Thiaroye, Abdoulaye a devant lui plusieurs miches de pain. Dernière lui, la pièce abrite plusieurs machines. Ce qui implique une forte consommation en électricité. Le boulanger pense déjà à la prochaine facture. « Comme la mesure entre en vigueur le 1er janvier, je pense que la prochaine facture sera salée. Après la cherté du prix de la farine, nous sommes obligés de supporter la hausse du prix de l’électricité. Nous serons obligés dans l’avenir d’augmenter le prix de la baguette de pain pour prendre en compte ces nouvelles charges », estime Abdoulaye. Alassane Mbaye, tailleur, est lui aussi concerné par la mesure, puisqu’il dispose de trois machines à coudre. Il s’attend à des lendemains incertains dans un contexte où la clientèle se fait rare. « En dehors de la Tabaski et de la Korité, la plupart du temps, nous souffrons financièrement parce que nous avons peu de commandes. Donc, c’est difficile, voire impossible de supporter la hausse des tarifs de l’électricité », déplore le spécialiste de la couture. DDIENG

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Previous post Tragique accident au Sénégal : La Bceao s’associe au deuil national
Next post Conseil interministériel sur la sécurité routière : les 22 « commandements » du Premier ministre Amadou Ba